Création

Au cours d’un séjour en France, j’aspirais à réaliser des œuvres dans des dimensions imposantes. En mars 1999, j’ai acheté trois toiles montées sur châssis de 146 x 114 cm. Selon ma pratique artistique, basée sur la présence attentive, les étapes préparatoires à la création ont eu un impact sur la cohérence de l’œuvre de dimension symbolique. À des fins de compréhension, je présente cinq étapes qui ont favorisé la création de l’œuvre monumentale Air-Terre-Mer-STOP (1999-2000).

Étape 1 : support significatif – Avant d’entreprendre une production artistique, je m’interroge intérieurement afin de déterminer le bon format. En 1999, j’ai cogité longtemps à l’extérieur de la boutique de matériel d’artistes avant de faire mon achat de toiles de grand format. Mon budget étant limité à trois toiles seulement, je devais choisir entre le format carré, si attirant, et le format rectangulaire plus conventionnel. En fonction de mes résonances intérieures, j’ai acheté trois toiles de lin montées sur châssis de 146 x 114 cm.

Étape 2 : couleurs et techniques – Pour réaliser une œuvre significative sur les plans intérieur (en soi) et extérieur (sur la toile), j’utilise des couleurs symboliques et fondamentales pour moi. La sélection des couleurs se fait toujours en fonction de mes résonances intérieures favorisant un sentiment de reconnaissance de soi. Ainsi, la peinture Air-Terre-Mer-STOP a été réalisée à l’acrylique dans les tons de terre de Sienne, le noir et le blanc. Les aplats noirs ont été finalisés à l’huile (acrylique et huile sur toile).

Étape 3 : outils et écriture picturale – Les outils de travail vont de pair avec l’écriture picturale propre à l’artiste. Les interventions sur la toile, engageant corps-matière-esprit, favorisent l’expression d’objets picturaux enracinés dans les profondeurs de l’être. Dans Air-Terre-Mer-STOP, j’ai utilisé des pinceaux en soie de porc et des chiffons pour l’exécution, puis des pinceaux en poils synthétiques pour la réalisation des aplats nettement délimités.

Étape 4 : présence attentive – Lorsque les trois tableaux ont été ébauchés, j’ai ressenti le besoin de les photographier. Par l’observation attentive des tableaux et des photographies, je me suis imprégnée des forces et des résonances des objets figuratifs fraîchement créés. À cette étape cruciale de création, le « laisser être » et la reconnaissance de « ce qui est » intérieurement, avec ouverture et acceptation, sans contrôle ni jugement, sont fondamentaux afin de prendre conscience de la profondeur et de la cohérence de l’œuvre en cours de développement.

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Photos des œuvres au stade de l’ébauche – 1999 – 10 x 15 cm

Étape 5 : titre de l’œuvre – Par la suite, je me suis retirée dans une petite pièce en dehors de l’atelier. J’ai alors ressenti le besoin de découper, avec des ciseaux, les trois photographies afin d’isoler les trois tableaux que je venais d’ébaucher. Assez rapidement, j’ai réalisé un montage photographique de 11 x 4 cm. Le titre Air-Terre-Mer-STOP s’est alors imposé à ma conscience comme s’il s’agissait d’un concept déjà existant, mais intériorisé.

Montage photographique 1999 – 11 x 4 cm

Sans l’avoir prévu, le petit montage photographique et le titre constituaient, de manière cohérente et significative, la structure imposante de l’œuvre en cours de développement. Toutefois, étant donné sa hauteur verticale de 4 mètres, il m’a fallu attendre deux ans avant de voir concrètement Air-Terre-Mer-STOP, dans son entièreté, sur un mur d’exposition.

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Air et Terre finalisés – 1999 – Acrylique et huile sur toile de lin – 146 x 114 cm/tableau

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Air-Terre-Mer-STOP, 1999-2000 – 146 x 406 cm.
Acrylique et huile sur toile.

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